Les revendications des dentistes à l’égard des autorités ne les dédouane pas de leur rôle dans la lutte contre le renoncement aux soins dentaires. Qu’est ce qui cloche?
A l’occasion du congrès 2016 de l’Association dentaire française (ADF), les chirurgien-dentistes lancent un appel aux candidats à la Présidentielle. Mais pourquoi ne pas s’appliquer à soi-même ce qu’on aimerait recevoir des autres?
Revalorisation des soins et meilleur remboursement
La revalorisation des actes de soins et leur meilleur remboursement est une demande légitime. Elle est d’ailleurs répétée à l’envie depuis 30 ans par la profession et masque une situation bien plus précaire pour le patient qui est celui qui subit la charge financière! En effet, le renoncement aux soins dentaires touche selon les études* entre le quart et le tiers de la population française : le reste à charge sur les soins dentaires porte à hauteur de 30% sur le patient (80 à 100% lorsqu’il s’agit de chirurgie et d’implants).
La revalorisation pose la problème de la réciprocité, dans la mesure où rien n’obligera le dentiste à baisser ses prix sur les autres soins. Que faire se le dentiste souhaite – comme cela à été le cas jusqu’à présent – conserver un revenu très confortable et continue à établir les prix de certains soins à sa seule appréciation ?
Une revalorisation doit être accompagné d’un encadrement plus strict des prix pour éviter les dérives et permettre de lutter efficacement contre le renoncement aux soins.
« Lutter contre le renoncement aux soins dentaires ne fait pas partie des 5 priorités exprimées par les chirurgiens dentistes »
Accès égalitaire aux soins dentaires de qualité
Le point essentiel soulevé par les dentistes français est l’égalité d’accès aux soins de santé pour tous et des soins dentaires de qualité. Si l’on ne peut que soutenir un telle démarche, il convient que cet engagement soit d’abord pris par les dentistes eux-mêmes, puisque force est de constater qu’ils ne respectent souvent pas la liberté d’accès, qu’ils appellent si vivement de leurs vœux.
Parmi les obstacles rencontrés vers le libre accès aux soins, on peut citer :
– Discrimination envers les patients séropositifs ou qui se font soigner à l’étranger,
– Non respect de la continuité des soins,
– Tarification opaque et variable suivant le patient (sur la base de sa couverture mutuelle),
– Absence de traçabilité sur les prothèse et autres dérives liées à la surfacturation.
Autorités, dentistes et mutuelles
A l’heure où la santé bucco-dentaire est au cœur des préoccupations des patients ou des candidats aux soins, Eurodentaire partage le constat du manque d’intérêt des politiques en général, face à une situation complexe pour des soins qui ne relèvent pas de « soins de confort » comme on l’entend encore trop souvent.
Avec huit millions de patients reçus chaque année dans un cabinet dentaire et un renoncement à se soigner les dents proche de 30%, les chirurgiens-dentistes ont pourtant clairement un rôle à jouer dans la santé bucco-dentaires des patients, mais refusent de prendre leurs responsabilité eu égard à la situation actuelle et dans laquelle ils sont les principaux acteurs avec l’Etat et les mutuelles.
Le monde bucco-dentaire se sent ignoré des personnalités du monde politique ? Peut-être devrait-il commencer également par prendre les mesures dans le sens des engagements qu’ils souhaitent voir se réaliser et libérer les obstacles qui empêchent l’accès aux soins dentaires de qualité pour tous.
Une chose est sûre : un débat est nécessaire sur l’opacité du système des soins dentaires en France, objet encore de trop nombreuses dérives.
* Selon la dernière étude sur ce sujet diffusée fin novembre 2016 par la Fédération nationale indépendante des mutuelles (Fnim), 37% des Français ont renoncé à des soins pour des raisons économiques au cours des deux dernières années . Ce niveau comparable à 2014 montre que l’accès aux soins dentaires n’évolue pas pour la plupart des Français.
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