Le centre dentaire low cost propose des soins buccodentaires rapides et pas chers, mais à quel prix?
Pour éviter de devoir renoncer à des soins dentaires trop chers, ils proposent une paraît séduisante à proximité. On en trouve aujourd’hui même des centres dentaires low cost dans les supermarchés… Une solution pour lutter contre les déserts médicaux? Pas si simple que ça…
Le centre dentaire low-cost à le vent en poupe mais son modèle inquiète la profession dentaire. En France, on comptait début des années 2020 plus de 1000 centres dentaires de ce type, soit deux fois plus que 5 ans plus tôt. Ils seraient aujourd’hui plus de 1300, principalement installés en région parisienne ou dans les grandes villes.
Dernièrement l’un d’eux, un centre Dentego à ouvert à Chalon Sur Saône à la place d’un ancien centre low cost Dentexia, de triste mémoire (voir le scandale Dentexia). Est-ce à dire que l’histoire va se répéter? Le groupe s’en défend, mais l’actualité récente semble jouer contre lui.
Centre dentaire low-cost ou rationalisation des soins?
Si le nouveau centre Dentego suit selon France3 le principe des centres dentaires low costs, le groupe s’en défend et affirme sa différence. L’appellation low cost est catégoriquement réfutée par le groupe. Ils se défendent notamment de sélectionner les patients ou les soins, et préfèrent parler de rationalisation autour du soin, ce qui est également possible.
Aussi, Dentego détient 74 centres dans toute la France et revendique 1,5 millions de patients depuis 2013, ce qui constitue un volume très important. Mais épinglé en décembre 2022 par Cash Investigation pour soins inutiles, le groupe a déjà été condamné par un tribunal en première instance, et à fait appel.
Sur-traitement, soins inutiles et course au chiffre d’affaire, le magasine Cash Investigation n’est pas tendre avec le concept du centre dentaire Low-cost. Des pratiques de sur-traitement sont mis en cause, ainsi qu’une pression sur le chiffre auprès des chirurgiens dentistes qui « doivent ramener 2500 euros par jour au minimum », déclare un responsable de centre sous anonymat. C’est le double du CA d’un dentiste libéral moyen. De quoi renforcer les doutes sur les intentions altruistes de ces centres dentaires pas chers constitué en association.
Le modèle du centre low cost remis en cause
Les signaux faibles se sont amplifiés d’année en année, jusqu’à aboutir à des dérives avérées. Aujourd’hui, le modèle centre dentaire low cost est remis en cause et des enquêtes sont en cours pour pratiques dentaires abusives.
Si le dentiste pas cher répond à un réel besoin, certains centres interrogent sur la qualité des soins et les sur-traitements. Aussi, les conditions dans lesquelles les économies sont réalisées ne sont pas toujours évidentes et peuvent nécessiter un montage financier complexe qui les éloigne du statut associatif dont le centre dentaire low cost dispose. Les syndicats de dentistes libéraux dénoncent ainsi une concurrence déloyale et réclament un meilleur contrôle de ces cabinets dentaires pas chers.
Que valent vraiment réellement les centres de soins lowcost ? Pourquoi se développent-ils à une telle vitesse et quelles sont les limites de leur modèle?
Favoriser l’accès aux soins dentaires pour tous
Face aux prix des soins dentaires élevés en France, de nombreux patients doivent renoncer à se soigner les dents. Selon une étude récente de 2023, 30% renonce ainsi aux soins dentaires.
En marge du statut de dentiste libéral, un autre modèle s’est développé est apparu dans les années 2010 en France. Il est censé rendre les soins dentaires accessibles au plus grand nombre.
Défendu par ses concepteurs et critiqué par les syndicats dentaires, ce modèle est qualifié de low cost ou de discount répond donc à un réel besoin de la population. Mais les centres dentaires low cost soulèvent des questions axées autour de l’optimisation des traitements et de pratiques abusives.
Centre dentaire sous statut associatif à but non-lucratif
Le centre dentaire low-cost fonctionne sous statut d’association loi 1901. Prétendument à but non-lucratif, on constate dans certains cas un détournement de sa conception. Les fauteurs de trouble indélicats font en réalité remonter une partie du CA vers une autre entreprise, à but commercial cette fois-ci. Au final, il s’agit alors d’un montage financier. Cette pratique est déjà connue et a valu à Pascal Schein, le créateur des centres dentaires Dentexia, de lourdes condamnations.
Si la multiplication de ces dentistes discount doit en théorie favoriser l’accès aux soins dentaires des français, les dérives sont nombreuses. Les autorités renforcent actuellement les règles auxquels le centre low cost doit se soumettre : il était en effet grand temps de réagir…
Clinique dentaire discount contre syndicat dentaire
Le Conseil de l’ordre des chirurgiens dentistes s’oppose depuis le début à ces ouvertures. On y parle de « dérive mercantile » et de stratégie portant sur les soins rémunérateurs comme l’implant ou la prothèse, au détriment des soins courants conservateurs.
L’ONCD appelle donc à une refonte du système des centres sous format associatif, rendus possible par la loi Bachelot de 2009 et amendée seulement en 2023.
Les dysfonctionnements propres aux centres dentaire low-cost produisent régulièrement des ratés ou des scandales. Plusieurs médias s’en sont également fait l’écho bien avant Elise Lucet citée précédemment. Dans une enquête de santé consacrée aux arnaques et bonnes affaires des soins low-cost, France 5 propose un reportage passionnant, mais qui fait frémir. Reportage Découvertes de TF1 sur la médecine dentaire à prix cassée aborde également longuement le sujet du low-cost et des centres.
Centre dentaires low cost : dentisterie à prix cassé
Les centres low cost se sont multipliés ces dernières années, beaucoup ont également fermé. Le centre dentaire à bas prix répond à un réel besoin non satisfait de soins dentaires pas chers.
Les tarifs des implants dentaires y sont avantageux et presque aussi bas que les prix des soins dentaires à l’étranger. C’est à dire inférieurs de 30 à 50% en moyenne à la moyenne libérale. Dans le cas d’un implant dentaire low cost, les écarts peuvent atteindre des sommets.
Un reproche récurrent est que ces centres doivent réaliser un maximum d’actes pour être rentables. Le sur-traitement n’est jamais loin et tout dépendra bien sûr de l’éthique des professionnels de santé qui y exerecnt et des directeurs de centres, tout comme des procédures mises en place.
Implants dentaires moins chers
Les implants dentaires et les prothèses dentaires constituent la véritable manne des centres dentaires. Leurs prix sont le plus souvent libres, si bien que le dentiste est libre d’appliquer les tarifs qu’il entend.
Au premier rang de ces traitements, les patients recherchent avant tout des implants dentaires moins chers. Une pression pour réaliser un maximum de soins ‘rémunérateurs’ est souvent pointée du doigt. C’est en tous cas ce qui a finit par avoir raison de plusieurs centres dentaires, embourbés dans la recherche de rentabilité et de dérives qui en découlent?
Les pays à bas coût, un modèle de soins dentaires low-cost ?
Le modèle du soin dentaire dans les pays à bas coûts s’écarte fondamentalement du modèle de centre dentaire low-cost. Pour des soins dentaires en Hongrie par exemple, les prix bas se font sans concession sur la qualité. Le niveau de vie est largement inférieur et les coûts (salaires, loyers, fiscalité…) sont répercutés sur la facture dentaire finale.
Bien sûr, des cliniques en Hongrie ou ailleurs peuvent aussi casser les prix. Mais la plupart n’en ont pas besoin et s’y refusent. Depuis plusieurs décennies, la Hongrie est en effet la première destination des Français pour leurs soins dentaires. Elle reçoit des patients de toute l’Europe à la recherche de qualité et représente ainsi une alternative sérieuse aux centres dentaires low-cost français.
Avec un retour d’expérience d’une trentaine d’années, plusieurs dizaines de milliers de patients se sont fait soigner hors des frontières. De l’aveu des autorités en charge du remboursement des soins dentaires, il n’y a pas de problème de qualité des traitements. Mais une appréhension demeure parfois, notamment en raison de l’éloignement. Ceci étant, force est de constater que se soigner près de chez soi ne donne pas toujours toutes les garanties que le patient est en droit d’attendre.
Le modèle des centres low cost n’a en tous cas pas fini de faire parler de lui. Les ouvertures et les fermetures vont bon train. En 2024, le groupe Dentifree ferme tous ses centres. Une enseigne supplémentaire s’ajoute à une liste déjà longue.
0 commentaire